14 avril 2008
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Dans le tourbillon des amours modernes, tout est flash et transparent. On se compose, se décompose et se recompose à grande vitesse. Mais qu’en était-il au temps des secrets dans les sociétés figées ?
Regardons ce qu’en dit la littérature et particulièrement :
«Le fusil de chasse», de Yasushi Inoué, chez Biblio
Dans le Japon de l’après-guerre, pétrifié derrière une façade hiératique, quatre personnages se dessinent : Un homme, son épouse, sa maîtresse, la fille, adolescente de celle-ci. Ils sont aisés, cultivés. Ce serait banal si Yasushi Inoué ne mettait le drame qui va survenir en perspective distanciée.
Un poète écrit quelques vers pour une revue de chasse. La poésie est inspirée par un inconnu croisé dans la montagne, qui porte un fusil. Le chasseur se reconnaît dans la revue. Il écrit au poète, lui envoie trois lettres, douloureuses et élégantes, qui lui sont parvenues séparément, de celles qui furent son épouse, sa maîtresse, la fille de sa maîtresse. A ces trois monologues correspondent trois perceptions d’une tragédie, dissimulée sous un silence de plomb : La maîtresse se suicide à petits feux. L’épouse, cousine et confidente de la maîtresse, savait, et se plongeait dans la débauche pour se venger. La maîtresse avait divorcé pour son amant, bien que celui-ci ne lui consacrât que de rares moments. L’adolescente découvre la vérité dans le journal intime de sa mère et le ciel lui tombe sur la tête. Autour d’eux, dix années durant, rien n’a transparu. Les convenances sociales n’ont pas frémi. Le fusil a failli servir, mais… L’homme reste seul. Il ne dit rien. Est-il bouleversé ? Indifférent ? Mystère. Seules les voix des femmes résonnent dans le silence épistolaire. C’est beau et terrible.
Né en 1907, Yasushi Inoué, suit des études en philosophie. Puis, il se lance dans la littérature. Pour Le fusil de chasse, Il reçoit, en 1950, l’équivalent du « Goncourt » japonais. Elu à l’Académie des Art, il préside également l’Association littéraire japonaise. Il disparaît en 1991. Le fusil de chasse est d’une écriture sobre, dépouillée, distante, uniquement intérieure. C’est un bref chef-d’œuvre qui se lit avec recueillement, et dont les phrases parfaites évoquent trois souffrances, acérées par le secret de l’adultère.
Les amours d’aujourd’hui, tapageuses, tourbillonnantes, affichées, sont-elles moins douloureuses quand elles tournent mal ? Je n’en suis pas persuadé. L’amour rend heureux. Il fait souffrir aussi, toujours et partout.
Regardons ce qu’en dit la littérature et particulièrement :
«Le fusil de chasse», de Yasushi Inoué, chez Biblio
Dans le Japon de l’après-guerre, pétrifié derrière une façade hiératique, quatre personnages se dessinent : Un homme, son épouse, sa maîtresse, la fille, adolescente de celle-ci. Ils sont aisés, cultivés. Ce serait banal si Yasushi Inoué ne mettait le drame qui va survenir en perspective distanciée.
Un poète écrit quelques vers pour une revue de chasse. La poésie est inspirée par un inconnu croisé dans la montagne, qui porte un fusil. Le chasseur se reconnaît dans la revue. Il écrit au poète, lui envoie trois lettres, douloureuses et élégantes, qui lui sont parvenues séparément, de celles qui furent son épouse, sa maîtresse, la fille de sa maîtresse. A ces trois monologues correspondent trois perceptions d’une tragédie, dissimulée sous un silence de plomb : La maîtresse se suicide à petits feux. L’épouse, cousine et confidente de la maîtresse, savait, et se plongeait dans la débauche pour se venger. La maîtresse avait divorcé pour son amant, bien que celui-ci ne lui consacrât que de rares moments. L’adolescente découvre la vérité dans le journal intime de sa mère et le ciel lui tombe sur la tête. Autour d’eux, dix années durant, rien n’a transparu. Les convenances sociales n’ont pas frémi. Le fusil a failli servir, mais… L’homme reste seul. Il ne dit rien. Est-il bouleversé ? Indifférent ? Mystère. Seules les voix des femmes résonnent dans le silence épistolaire. C’est beau et terrible.
Né en 1907, Yasushi Inoué, suit des études en philosophie. Puis, il se lance dans la littérature. Pour Le fusil de chasse, Il reçoit, en 1950, l’équivalent du « Goncourt » japonais. Elu à l’Académie des Art, il préside également l’Association littéraire japonaise. Il disparaît en 1991. Le fusil de chasse est d’une écriture sobre, dépouillée, distante, uniquement intérieure. C’est un bref chef-d’œuvre qui se lit avec recueillement, et dont les phrases parfaites évoquent trois souffrances, acérées par le secret de l’adultère.
Les amours d’aujourd’hui, tapageuses, tourbillonnantes, affichées, sont-elles moins douloureuses quand elles tournent mal ? Je n’en suis pas persuadé. L’amour rend heureux. Il fait souffrir aussi, toujours et partout.