Invité par l’Alliance française de Santiago de Cuba à présenter mon premier roman « Toca Leòn! », il ne m’a pas fallu longtemps pour dire oui, ceux qui me connaissent comprendront pourquoi. Il s’agissait de partager une conversation avec des élèves cubains, enfin, c’est ce que je pensais au premier abord. Mais, en arrivant dans cette grande bâtisse consacrée à l’étude de la langue française par ses cours et sa bibliothèque, une toute autre expérience m’attendait.

Dans la salle de conférence, au fond de la bibliothèque, une émotion m’a serré la gorge lorsque j’ai commencé à parler. J’étais dans la salle où j’avais pris mes premiers cours de batas, tambours sacrés de la santeria, avec Mililián GALIS (Gali), illustre Maître tambours.
Voir article sur Mililián GALIS, dit « Milián », ou encore « GALI » tout court (on prononce très peu ou pas du tout les « s » finales dans cette partie de Cuba) sur le site de Ritmacuba.

Les tambours résonnèrent un moment dans mon esprit avant que je puisse commencer la lecture de quelques extraits dans lesquels je partageais mes impressions sur Santiago, les sons, les odeurs, la moiteur… ce que ressent le voyageur en arrivant.

[...]
La terrasse, plus grande que la chambre, est ceinte d’un muret, juste à la bonne hauteur, invitation à s’accouder.
La présence de la ville autour d’eux les interpelle. Les premiers regards sont pour le port, une lune à mi-parcours le dévoile timidement. Seul le cœur de la baie reflète distinctement les collines, plus nettes dans l’eau qu’à l’horizon. Les lampadaires en contrebas éclairent sans orgueil des façades défraîchies, reliées entre elles par des écheveaux de fils électriques, descendant vers le cœur de ville où se dresse, flamboyant, le clocher rond d’une cathédrale.
[...]

[...]

La porte de la pièce où l’attend Galoo est entrouverte. Léon entre sans frapper. À sa plus grande surprise, il n’y a qu’un jeune assistant avec Galoo, il s’attendait à participer à un cours collectif. La pièce est petite, trois chaises, un tableau noir, un ventilateur au plafond, et surtout trois batas préfigurent la teneur de la session. Galoo s’adresse à Léon dans un espagnol sommaire :
— Entre et assieds-toi ici.
Il dessine une portée sur le tableau.
— Tu connais la clave ?
Sans attendre de réponse, Galoo écrit la clave sur la portée.
— Ce que je vais te montrer n’est pas conventionnel, mais cela t’aidera à te repérer et nous gagnerons du temps.
La clave est à la fois une figure rythmique sur deux mesures et l’instrument avec lequel elle est frappée : deux morceaux de bois dur d’environ vingt centimètres. En traçant un trait sous une note, sans se retourner, il dit :
— C’est de là que tu dois partir. Chaque tambour a sa place sur la clave.

« Pour une fois que quelqu’un écrit sur Santiago, d’habitude, c’est toujours sur La Havane »
« La vision d’un étranger sur notre pays, sur notre ville, nos traditions, notre manière de vivre, c’est toujours intéressant à découvrir »
« Quels autres romans avez-vous écrits ? »
Deux heures d’échange, de partage, d’amitié, de curiosité, d’intérêt pour le travail d’auteur. Cela m’a paru étrange de parler ensuite de La grande Borie dont le sujet est à mille lieues de Cuba, mais qui, pourtant, a tout autant intéressé l’auditoire. Le débat s’est installé autour des valeurs humaines universelles. De toutes les rencontres avec le public, c’est la deuxième qui me touche aussi profondément. La première, c’était à Soudorgues, village cévenol de quelques centaines d’habitants, et bien entendu ici, à Santiago, où la chaleur des Cubains pousse à l’humilité et au partage sincère.

Alliance française,
Calle 6 ESQ 15 n° 253
Reparto Vista Alegre
90400 SANTIAGO DE CUBA — CUBA
Pour voir les photos prises à l’alliance française ainsi que celles du reportage sur le peintre Dennis Gallardo Castro (prochain article), suivre ce lien vers l’album