5 juillet 2008
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© Paris ARTS
Flux d’images, le ludisme généralisé et l’ergonomie des interfaces ont d’ores et déjà inscrit dans nos esprits, nos corps et nos habitudes les mécanismes devenus «naturels» du clic, du copier-coller, du zapping, du moteur de recherche, ou du switch permanent entre les plates-formes, voire de l’usage simultané de plusieurs plates-formes — le téléphone dans une oreille, un MP3 dans de l’autre, tout en rédigeant des SMS…
L’extraordinaire force cognitive de ces outils, flux et réseaux est très sciemment détournée au service de la bêtise et de la passivité, exténuée par une perte de sens planifiée et assumée par les maîtres des industries de programmes et de divertissements.
Dans la guerre de l’attention qui fait rage en ce début de siècle, l’intelligence subit donc les assauts des jeux, programmes et divertissements débiles, des ravages de l’addiction aux technologies, du repliement de la culture sur l’acte d’achat, etc. L’intelligence est surtout minée par le recul vertigineux de la raison critique à proportion du déclin de la lecture et l’écriture.
Trois clics ne campent pas un raisonnement, cinq copier-coller ne charpentent pas un texte, et une série d’explorations du web à l’aide d’un moteur de recherche ne suffit pas à étayer une problématique. Pas plus que les (souvent) médiocres débats télévisés n’exercent à penser ou à argumenter.
Une sinistre stratégie est ainsi déroulée avec détermination à partir des technologies numériques pour capter l’attention. Il s’agit de fragiliser l’intelligence en s’en prenant à la raison critique. Dans le but que, vidé et dépourvu de sa pugnacité critique, le cerveau devienne «disponible», c’est-à-dire prêt à tout accepter, même le pire.
L’une des formes contemporaines du pire est cette généralisation insidieuse du modèle de l’achat dans les relations les plus spontanées au monde et aux autres. Cette façon de tout considérer comme des marchandises accessibles dans les formes brèves, courtes, simples et parfaitement balisées de l’achat.
Ce que l’on sent disparaître dans cette captation effrénée de notre attention, ce sont en fait les richesses et les saveurs de la vie : les plaisirs des processus, des raisonnements, des discours critiques, des argumentations. Toutes ces relations qui se tissent dans la durée et les réciprocités actives et dynamiques.
L’extraordinaire force cognitive de ces outils, flux et réseaux est très sciemment détournée au service de la bêtise et de la passivité, exténuée par une perte de sens planifiée et assumée par les maîtres des industries de programmes et de divertissements.
Dans la guerre de l’attention qui fait rage en ce début de siècle, l’intelligence subit donc les assauts des jeux, programmes et divertissements débiles, des ravages de l’addiction aux technologies, du repliement de la culture sur l’acte d’achat, etc. L’intelligence est surtout minée par le recul vertigineux de la raison critique à proportion du déclin de la lecture et l’écriture.
Trois clics ne campent pas un raisonnement, cinq copier-coller ne charpentent pas un texte, et une série d’explorations du web à l’aide d’un moteur de recherche ne suffit pas à étayer une problématique. Pas plus que les (souvent) médiocres débats télévisés n’exercent à penser ou à argumenter.
Une sinistre stratégie est ainsi déroulée avec détermination à partir des technologies numériques pour capter l’attention. Il s’agit de fragiliser l’intelligence en s’en prenant à la raison critique. Dans le but que, vidé et dépourvu de sa pugnacité critique, le cerveau devienne «disponible», c’est-à-dire prêt à tout accepter, même le pire.
L’une des formes contemporaines du pire est cette généralisation insidieuse du modèle de l’achat dans les relations les plus spontanées au monde et aux autres. Cette façon de tout considérer comme des marchandises accessibles dans les formes brèves, courtes, simples et parfaitement balisées de l’achat.
Ce que l’on sent disparaître dans cette captation effrénée de notre attention, ce sont en fait les richesses et les saveurs de la vie : les plaisirs des processus, des raisonnements, des discours critiques, des argumentations. Toutes ces relations qui se tissent dans la durée et les réciprocités actives et dynamiques.
Lire
— Bernard Stiegler, Prendre soin de la jeunesse et des générations, Paris, Flammarion, 2008.
— Bernard Stiegler et Ars Industrialis, Réenchanter le monde. La valeur esprit contre le populisme industriel, Paris, Flammarion, 2006.