20 novembre 2007
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18:14
Je m’interroge… Le terrorisme « kamikaze » est assez couru ces temps-ci.
Mais d’où vient ce mot ? Qu’était-ce à l’origine ?
Regardons ce qu’en dit la littérature et particulièrement ce bijou de nouvelle
«Patriotisme, de Yukio Mishima »
que nous avons sous la main et que nous ne pensons pas à lire.
Les kamikazes japonais étaient des malgré-nous, contraints au sacrifice par l'état-major et la pression sociale. Selon le code d’honneur, survivre à un échec était une honte. En dehors de la guerre, le seppuku, (ou hara-kiri), était utilisé en dernier recours lorsqu'un soldat estimait immoral un ordre de son maître.
Dans ce contexte, Patriotisme est l’histoire d’un officier en 1926. Ses collègues se sont révoltés contre l’armée impériale. Il ne peut pas les trahir. Il ne peut pas non plus être félon. Que faire pour sauver l’honneur ?
La solution lui saute à l’estomac. Il se fera seppuku, et avec son épouse encore, tous les deux jeunes, beaux, quasi parfaits. Une maison toute simple va abriter le drame, dans le silence d’une ville de garnison. Deux pièces nues, meubles sobres, un petit temple pour la Grande Divinité, des futons…
Le rituel du suicide commence (au sabre pour lui ; pour elle ce sera au poignard) et ira à son terme dans la plus pointue des traditions. C’est horrible et superbe.
Mishima, né en 1925, est séquestré dès sa naissance par une grand-mère hystérique et nostalgique des Samouraïs. Il vit confiné dans une chambre sombre qui transforme le monde en mirage inaccessible. Puis, au collège, Mishima se découvre homo ! Aïe ! Ses désirs lui apparaissent comme un monstrueux péché, traumatisme intime auquel s’ajoute celui de la défaite de 1945.
Cette tension intérieure produit trente ans durant des textes impitoyables et poétiques d’où émerge une image essentielle : celle du bel adolescent voué à une mort tragique dans l’érotisme et l’esthétisme.
Subjugué par ces textes magnifiques on se laisse emporter…
Car Mishima n’est pas seulement une douleur, c’est un grand écrivain. Il atteint d’ailleurs une gloire internationale, sans que ses troubles intérieurs faiblissent.
Mondain, anachronique, imbibé de valeurs occidentales mais prônant les vertus ancestrales, épris de l’écriture mais cultivant ses muscles, hanté par la mort mais amoureux de la vie, Mishima est un personnage paradoxal, dont l'œuvre laisse rarement indifférent. La nouvelle « Patriotisme », écrite en 1960, est ainsi un chef d’œuvre.
L'impossible combat de Mishima avec ses contradictions le conduit à organiser sa propre mort. En 1970, sous un prétexte martial, il se fait seppuku en vraie grandeur dans une mise en scène parfaite.
Fin tranchée du Mishima vivant, mais début d’une gloire littéraire éternelle méritée.
On voit qu’on est très loin des « kamikazes » actuels, qui massacrent à la bombe femmes, vieillards et nourrissons, dans un paroxysme assassin d’analphabétisme abruti. Leurs tripes, à eux, sont seulement bonnes pour la bauge aux cochons.
Mais d’où vient ce mot ? Qu’était-ce à l’origine ?
Regardons ce qu’en dit la littérature et particulièrement ce bijou de nouvelle
«Patriotisme, de Yukio Mishima »
que nous avons sous la main et que nous ne pensons pas à lire.
Les kamikazes japonais étaient des malgré-nous, contraints au sacrifice par l'état-major et la pression sociale. Selon le code d’honneur, survivre à un échec était une honte. En dehors de la guerre, le seppuku, (ou hara-kiri), était utilisé en dernier recours lorsqu'un soldat estimait immoral un ordre de son maître.
Dans ce contexte, Patriotisme est l’histoire d’un officier en 1926. Ses collègues se sont révoltés contre l’armée impériale. Il ne peut pas les trahir. Il ne peut pas non plus être félon. Que faire pour sauver l’honneur ?
La solution lui saute à l’estomac. Il se fera seppuku, et avec son épouse encore, tous les deux jeunes, beaux, quasi parfaits. Une maison toute simple va abriter le drame, dans le silence d’une ville de garnison. Deux pièces nues, meubles sobres, un petit temple pour la Grande Divinité, des futons…
Le rituel du suicide commence (au sabre pour lui ; pour elle ce sera au poignard) et ira à son terme dans la plus pointue des traditions. C’est horrible et superbe.
Mishima, né en 1925, est séquestré dès sa naissance par une grand-mère hystérique et nostalgique des Samouraïs. Il vit confiné dans une chambre sombre qui transforme le monde en mirage inaccessible. Puis, au collège, Mishima se découvre homo ! Aïe ! Ses désirs lui apparaissent comme un monstrueux péché, traumatisme intime auquel s’ajoute celui de la défaite de 1945.
Cette tension intérieure produit trente ans durant des textes impitoyables et poétiques d’où émerge une image essentielle : celle du bel adolescent voué à une mort tragique dans l’érotisme et l’esthétisme.
Subjugué par ces textes magnifiques on se laisse emporter…
Car Mishima n’est pas seulement une douleur, c’est un grand écrivain. Il atteint d’ailleurs une gloire internationale, sans que ses troubles intérieurs faiblissent.
Mondain, anachronique, imbibé de valeurs occidentales mais prônant les vertus ancestrales, épris de l’écriture mais cultivant ses muscles, hanté par la mort mais amoureux de la vie, Mishima est un personnage paradoxal, dont l'œuvre laisse rarement indifférent. La nouvelle « Patriotisme », écrite en 1960, est ainsi un chef d’œuvre.
L'impossible combat de Mishima avec ses contradictions le conduit à organiser sa propre mort. En 1970, sous un prétexte martial, il se fait seppuku en vraie grandeur dans une mise en scène parfaite.
Fin tranchée du Mishima vivant, mais début d’une gloire littéraire éternelle méritée.
On voit qu’on est très loin des « kamikazes » actuels, qui massacrent à la bombe femmes, vieillards et nourrissons, dans un paroxysme assassin d’analphabétisme abruti. Leurs tripes, à eux, sont seulement bonnes pour la bauge aux cochons.